2008-2021
Ce projet fait partie des « paysages urbains ». Chaque œuvre présentée fait référence à un instant rencontré, un moment, une journée dans un lieu donné, capté lors d’errance dans une ville.
Par leur facture, leur ambiance autant que par les couleurs et les textures, les œuvres de la série “Chroniques” documentent la vie d’un lieu, d’une surface, d’un mur et transmettent une ambiance ou un commentaire. Construites à partir de photographies de lieux captés lors de déambulations dans les rues de villes anciennes. Les interventions faites par l’artiste sur les photographies par le dessin et le collage, viennent ajouter une strate à leur histoire, une continuité.
Une partie du travail fut réalisé lors d’une résidence d’artiste à Barcelone, au Centre JIWAR, en novembre 2014. Durant cette résidence en photographie, j’ai parcouru 6 quartiers de Barcelone, découvrant sur les murs d’anciennes tapisseries, des empâtements, des trous, des bris, des accumulations de matériaux, etc. D’autres œuvres proviennent de photographies de murs réalisées lors de voyages en Chine, en Turquie, à Berlin, en France, en ltalie et au Québec.
Matériaux : photographie sur papier Hahnemühle rehaussée par le dessin et le collage, feuille d’or.
Lire plus ...
Texte de Jacqueline Bouchard (2018)
Toute grande ville d’allure contemporaine porte en son corps les traces du passage du temps. Au fil de ses déambulations urbaines, Odette Théberge s’approprie et documente l’oeuvre de ce prédécesseur sans âge à travers ses CHRONIQUES visuelles.
Quelque part, entre les vitrines séduisantes et les façades ouvragées, l’artiste découvre des murs écaillés, des pierres râpées et blessées, des briques ébréchées, des tuiles aux couleurs fanées, des tapisseries écorchées. Chaque surface vieillie a une histoire à raconter, qui attendait pour cela le regard de la photographe posé sur elle, au hasard de son parcours. Mené par ses pas, sans perspective précise, son oeil qui glissait sur les édifices, soudain, se laisse capter par un petit fragment d’espace, à peine quelques pouces de la cité, remplis d’épaisseur historique.
Sa photographie fixe un instant de la journée, une portion du lieu. Elle interrompt en quelque sorte le travail du temps pour initier celui de l’artiste qui recueille, à travers elle, une succession d’incidents ou la lente intervention des années sur la matière. De ces faits rien n’est retranché. Au contraire. À l’inverse du palimpseste qui s’écrit en effaçant la parole précédente, Théberge repère et reconnaît ce qui fut afin de le relater ou de mieux le redire. Ses CHRONIQUES nous livrent véritablement un récit, une chronologie pour ainsi dire inversée des événements.
Adoptant le même langage visuel que celui de l’artisan original, usant des mêmes gestes et des mêmes stratégies, elle superpose une couche supplémentaire sur la photographie non retouchée de l’artéfact. Elle démontre par là le processus même de son avènement. Sa démonstration devient un dialogue ininterrompu, souvent intime, quelquefois débordant avec la matière et la mémoire.
Le regard est le plus souvent en macro. Parfois, l’artiste intègre des rubans de papier imprimés de mots, des phrases échappées dans la couleur, qui sont comme des commentaires chuchotés auxquels il faut prêter l’oreille. La mémoire recule alors, la perspective change, l’image se replie derrière le texte, s’éloigne pour devenir paysage urbain. La parole imprimée nous éloigne de la matière et nous renvoie vers la ville parcourue, vers ses panneaux et ses affiches.
Galerie (Cliquez sur les images pour agrandir)
Adresse atelier: 650 de La Salle, #105, Québec, Québec G1K 2V3
© 2022 Odette Théberge. Tout le contenu de ce site est protégé par la loi sur le Droit d'auteur.