Explorations de confinement

« Les nouveaux projets naissent de déclencheurs inattendus. » 

Odette Théberge

À l’évidence, avec l’arrivée du premier confinement, la création ne s’arrête pas comme ça. Musicien,ne.s, plasticien.ne.s, comédien.ne.s ou cinéastes n’ont pas cessé leurs activités ; elles se sont modifiées. Dans l’étroitesse du confinement, les artistes avaient deux possibilités : rester chez soi ou s’installer sur le lieu de travail. Le choix fut loin d’être évident, d’autant qu’il s’est fait dans l’urgence. S’il y a quelque chose que l’on apprend au contact des artistes, c’est bien que toute pratique est plastique, elle s’adapte à ses conditions, et par ailleurs, que tout accident ou contrainte peut engendrer une réaction innovante. Inextricablement liée à la création artistique dans toute société complexe, l’art doit sensibiliser et séduire le public, le confronter aux grandes questions sociales, le plonger au sein des grands mystères des différentes pratiques artistes et esthétiques. 

La période a été difficile pour tous, chez soi ou à l’atelier. L’enfermement n’est pas qu’une question de lieux, elle est surtout une situation de privation de libertés comme l’ont montré les mois de mars, avril et mai 2020. Alors créer, c’est résister.

Renouer avec des gestes simples, immédiats

Faire face à l’imprévu ; faire face à la solitude ; faire face à son histoire; faire face au sentiment d’inertie. Puis engager un nouveau rythme de création. 

Après plusieurs mois de léthargie, en réaction à la pandémie, l’artiste plasticienne Odette Théberge revisite dans son atelier de Québec, 50 années de production. En octobre 2020 elle entame une série de collages de même format, en réutilisant ses œuvres antérieures sur papier. Ce nouveau processus de création impliquera la destruction de dessins, acryliques sur papier, encres, sérigraphies, dessins de modèles vivants, collagraphies, dessins préparatoires, esquisses, dessins de recherche, etc. réalisées entre 1970 et 2020. Elle réutilise ses œuvres pour en créer de nouvelles. Dans ses explorations, Odette Théberge déchire, découpe, colle pour créer des collages, regrouper, agencer des fragments d’œuvres, accumuler, superposer. C’est un procédé sans fin où la fin d’une étape conduit à une autre. Dans des gestes spontanés, elle invente et témoigne, guidée par son énergie du jour, sans intention précise. Tant qu’il y aura une pandémie.

Ces collages ont été une façon d’organiser sa pensée face au désastre et à cette soudaine mutation sociale. L’artiste a entamé un lent dialogue avec des œuvres et des idées oubliées en revenant sur ses propres traces. Le confinement a amené une série de questionnements et de mises au point auxquels elle n’échappe pas. L’artiste constate que son travail actuel « renvoie au côté éphémère de l’existence, nourrie de nos souvenirs, de toutes les couches dont nous sommes faits, qui marquent notre visage et notre corps et qui sont eux bien réels et visibles ». 

Pendant ce premier confinement puis au rythme de l’évolution de la pandémie, elle a certes beaucoup appris sur elle-même, mais cette exploration lui a également fait prendre conscience de la quantité d’œuvres qui sont en sa possession. Cette seule constatation a renforcé chez elle l’idée de réutiliser et de transformer. Ces collages sont volontairement exempts de toute intervention directe, fusain, peinture, aquarelle, encres, etc. Odette Théberge a voulu respecter son approche de réutilisation et de transformation du support créatif d’origine pour donner vie à de nouvelles créations artistiques.  Elle aime les transitions et réfléchis à la trajectoire que prennent chacun des fragments, donc à leurs déplacements sur la surface du canevas. Des accidents surgissent et la direction initiale change parfois. Le tableau devient une sorte de casse-tête où les éléments s’imbriquent les uns dans les autres. Au terme de sa démarche, l’artiste s’efforce de suggérer un instant d’immobilité en réaction au chaos social environnant afin de céder le pas à un état de contemplation. Bien que l’œuvre EXPLORATIONS EN CONFINEMENT soit né du chaos, il comporte en définitive un caractère méditatif.

Pour Odette Théberge les choses sont toujours en mutation. Elles sont toujours en déplacement et s’entrechoquent. Il n’existe pas de sécurité absolue. La pandémie, le premier confinement et ses suites le lui ont confirmé davantage. L’espace de chacun de ses petits collages est certes plus concentré faisant écho à ce qu’elle vit au quotidien, mais l’œuvre revêt un caractère sculptural lorsque tous sont associés dans une fresque monumentale. Cette œuvre est par conséquent un tout où la diversité des collages propose un impact visuel impressionnant. On ne doit pas voir ces collages individuellement mais comme une seule œuvre. 

Aujourd’hui Odette Théberge a réalisé 210 collages de format 28 x 38 cm. Mis côte à côte, ils forment une formidable mosaïque d’extraits de ce qui a été pour devenir des fragments d’une nouvelle œuvre monumentale. 

Collaboration Marie-France Bégis

Explorations de confinement

« Les nouveaux projets naissent de déclencheurs inattendus. » 

Odette Théberge

À l’évidence, avec l’arrivée du premier confinement, la création ne s’arrête pas comme ça. Musicien,ne.s, plasticien.ne.s, comédien.ne.s ou cinéastes n’ont pas cessé leurs activités ; elles se sont modifiées. Dans l’étroitesse du confinement, les artistes avaient deux possibilités : rester chez soi ou s’installer sur le lieu de travail. Le choix fut loin d’être évident, d’autant qu’il s’est fait dans l’urgence. S’il y a quelque chose que l’on apprend au contact des artistes, c’est bien que toute pratique est plastique, elle s’adapte à ses conditions, et par ailleurs, que tout accident ou contrainte peut engendrer une réaction innovante. Inextricablement liée à la création artistique dans toute société complexe, l’art doit sensibiliser et séduire le public, le confronter aux grandes questions sociales, le plonger au sein des grands mystères des différentes pratiques artistes et esthétiques. 

La période a été difficile pour tous, chez soi ou à l’atelier. L’enfermement n’est pas qu’une question de lieux, elle est surtout une situation de privation de libertés comme l’ont montré les mois de mars, avril et mai 2020. Alors créer, c’est résister.

Renouer avec des gestes simples, immédiats

Faire face à l’imprévu ; faire face à la solitude ; faire face à son histoire; faire face au sentiment d’inertie. Puis engager un nouveau rythme de création. 

Après plusieurs mois de léthargie, en réaction à la pandémie, l’artiste plasticienne Odette Théberge revisite dans son atelier de Québec, 50 années de production. En octobre 2020 elle entame une série de collages de même format, en réutilisant ses œuvres antérieures sur papier. Ce nouveau processus de création impliquera la destruction de dessins, acryliques sur papier, encres, sérigraphies, dessins de modèles vivants, collagraphies, dessins préparatoires, esquisses, dessins de recherche, etc. réalisées entre 1970 et 2020. Elle réutilise ses œuvres pour en créer de nouvelles. Dans ses explorations, Odette Théberge déchire, découpe, colle pour créer des collages, regrouper, agencer des fragments d’œuvres, accumuler, superposer. C’est un procédé sans fin où la fin d’une étape conduit à une autre. Dans des gestes spontanés, elle invente et témoigne, guidée par son énergie du jour, sans intention précise. Tant qu’il y aura une pandémie.

Ces collages ont été une façon d’organiser sa pensée face au désastre et à cette soudaine mutation sociale. L’artiste a entamé un lent dialogue avec des œuvres et des idées oubliées en revenant sur ses propres traces. Le confinement a amené une série de questionnements et de mises au point auxquels elle n’échappe pas. L’artiste constate que son travail actuel « renvoie au côté éphémère de l’existence, nourrie de nos souvenirs, de toutes les couches dont nous sommes faits, qui marquent notre visage et notre corps et qui sont eux bien réels et visibles ». 

Pendant ce premier confinement puis au rythme de l’évolution de la pandémie, elle a certes beaucoup appris sur elle-même, mais cette exploration lui a également fait prendre conscience de la quantité d’œuvres qui sont en sa possession. Cette seule constatation a renforcé chez elle l’idée de réutiliser et de transformer. Ces collages sont volontairement exempts de toute intervention directe, fusain, peinture, aquarelle, encres, etc. Odette Théberge a voulu respecter son approche de réutilisation et de transformation du support créatif d’origine pour donner vie à de nouvelles créations artistiques.  Elle aime les transitions et réfléchis à la trajectoire que prennent chacun des fragments, donc à leurs déplacements sur la surface du canevas. Des accidents surgissent et la direction initiale change parfois. Le tableau devient une sorte de casse-tête où les éléments s’imbriquent les uns dans les autres. Au terme de sa démarche, l’artiste s’efforce de suggérer un instant d’immobilité en réaction au chaos social environnant afin de céder le pas à un état de contemplation. Bien que l’œuvre EXPLORATIONS EN CONFINEMENT soit né du chaos, il comporte en définitive un caractère méditatif.

Pour Odette Théberge les choses sont toujours en mutation. Elles sont toujours en déplacement et s’entrechoquent. Il n’existe pas de sécurité absolue. La pandémie, le premier confinement et ses suites le lui ont confirmé davantage. L’espace de chacun de ses petits collages est certes plus concentré faisant écho à ce qu’elle vit au quotidien, mais l’œuvre revêt un caractère sculptural lorsque tous sont associés dans une fresque monumentale. Cette œuvre est par conséquent un tout où la diversité des collages propose un impact visuel impressionnant. On ne doit pas voir ces collages individuellement mais comme une seule œuvre. 

Aujourd’hui Odette Théberge a réalisé 210 collages de format 28 x 38 cm. Mis côte à côte, ils forment une formidable mosaïque d’extraits de ce qui a été pour devenir des fragments d’une nouvelle œuvre monumentale. 


Collaboration Marie-France Bégis